Ferrer son cheval : quand agir pour protéger sans nuire à ses pieds ?

6 septembre 2025
Redigé par Emma

Notre experte en bien-être animal vous guide pour la santé et le comportement de vos compagnons.

Ferrer : quand c’est nécessaire, quand c’est optionnel

Rappel express : ferrer, pourquoi ?

Le ferrage consiste à poser des fers sur les sabots pour les protéger et améliorer la traction. Le maréchal-ferrant, professionnel du parage et du ferrage, ajuste la forme du sabot, puis fixe le fer quand c’est pertinent. L’objectif est de limiter l’usure excessive, les fissures et les micro-fractures, surtout sur terrains durs ou glissants.

Sur certaines disciplines, les fers apportent une adhérence et une régularité de performance difficile à obtenir autrement.

Les avantages et leurs limites

Les fers protègent et sécurisent, mais ils ne sont pas une solution universelle. Un ferrage mal réalisé ou mal suivi peut provoquer blessures, douleurs, voire infections. Il implique aussi des contraintes : rendez-vous réguliers, risque de perdre un fer, budget récurrent et gestion des intervalles de parage.

Il convient donc de peser bénéfices et risques selon chaque cheval, pas selon une règle générale.

Situations typiques pour s’orienter

  • Cheval de sport : travail fréquent sur sol dur ou en carrière glissante → bénéfice du ferrage pour la traction et la stabilité.
  • Cheval de balade au pré sur sols souples → peut rester pieds nus si la corne est de bonne qualité et le travail modéré.
  • Randonneur sur chemins caillouteux → quotidien pieds nus et hipposandales en sortie pour protéger sans clouage.

Ce que fait vraiment un maréchal-ferrant

Une journée sur le terrain : trois cas concrets

  • Matin : jument de dressage travaillant 4×/semaine sur sol compact — le maréchal-ferrant observe des glissades légères et quelques éclats de corne : décision de ferrer avec un parage précis pour répartir les charges et sécuriser la traction.
  • Midi : poney de club au pré, corne épaisse et usure régulière — parage soigné, pas de fer, surveillance simple.
  • Après‑midi : cheval de randonnée sur chemins pierreux — pieds nus au quotidien, mais conseil d’hipposandales pour les longues sorties afin de prévenir l’usure et l’inconfort.
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Signes à surveiller entre deux visites

  • Usure asymétrique
  • Fissures (seimes)
  • Sensibilité sur terrains durs
  • Glissades récurrentes
  • Odeurs fortes, chaleur anormale, boiterie brutale → risque d’infection et appel immédiat au professionnel

Un rythme de suivi toutes les 6 à 8 semaines reste une base solide pour la plupart des chevaux, ferrés ou non.

Fréquence et collaboration avec le pro

Le trio gagnant, c’est maréchal-ferrant, cavalier et, si besoin, vétérinaire. Le maréchal-ferrant observe au pas et au trot, parfois en cercle, puis ajuste. Important : accepter que ce qui fonctionne en été sur sol sec devra être réévalué à l’automne quand l’humidité change la corne et la traction.

Alternatives modernes : pieds nus et hipposandales

Pieds nus, mais bien gérés

Le pied nu fonctionne très bien si l’environnement est cohérent et que le parage respecte la physiologie du sabot. Idéalement, le cheval bouge beaucoup au quotidien et s’habitue progressivement à des sols variés. Les bénéfices attendus incluent une meilleure proprioception et une mécanique du pied plus naturelle, à condition de surveiller l’usure et les sensibilités.

Hipposandales en pratique

Les hipposandales offrent une protection ponctuelle sans clous : on les met pour la sortie et on les retire au retour. Elles servent bien en transition vers le pied nu, en randonnée sur terrain abrasif, ou pour un cheval à la corne correcte mais sensible. Limites : choisir la bonne taille, prévenir les frottements et nettoyer régulièrement pour éviter les irritations.

Scénarios gagnants selon le terrain

  • Éleveurs et cavaliers gardent souvent leurs chevaux pieds nus au pré, avec hipposandales uniquement pour les jours de chemins durs.
  • En compétition régulière sur sol exigeant, le ferrage apporte davantage de constance (traction, précision des appuis).
  • Chevaux à corne fragile alternent périodes ferrées et phases pieds nus pendant qu’on améliore la qualité de la corne par gestion du sol et de l’alimentation.
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Comment décider pour votre cheval

Une grille simple pour trancher

Checklist décisionnelle :

  • Activité : fréquence, intensité, discipline et objectifs.
  • Sols : herbe, sable profond, chemins abrasifs, terrains glissants.
  • Corne : pousse régulière, fissures, éclats, sensibilité.
  • Historique : blessures, pertes de fers, périodes de transition.
  • Logistique : budget, temps de suivi, possibilité d’utiliser des hipposandales.

Tester, observer, ajuster

Testez un cycle de 6 à 8 semaines et mesurez : notez les glissades, la récupération après séance, la locomotion sur différents sols et le confort au pansage. Filmez quelques foulées et photos des pieds pour comparer avant/après. Puis ajustez avec le maréchal-ferrant en gardant le cap sur le confort et la performance du cheval ➡️ pas sur les habitudes.

Bien‑être et physiologie d’abord

Le but n’est pas de « ferrer ou ne jamais ferrer », mais de respecter la physiologie du cheval tout en assurant protection et confort. Si un fer apporte sécurité sur sol dur, c’est cohérent. Si le pied nu bien géré fonctionne, ne changeons rien.

Quel que soit le choix, restons à l’écoute du cheval et décidons en concertation avec le maréchal-ferrant, et le vétérinaire si un doute clinique persiste.

Ferrer son cheval n’est ni une obligation systématique, ni un tabou. C’est une décision individualisée qui dépend du travail, des sols, de la corne et, surtout, du confort de l’animal. Mon astuce : planifier une réévaluation saisonnière avec votre maréchal-ferrant et filmer quelques foulées sur divers terrains pour objectiver vos impressions.

Et vous, dans quelles situations avez-vous vu une vraie différence entre cheval ferré, pieds nus ou hipposandales ? Partagez vos retours, ils aideront la communauté à décider avec bon sens et bienveillance.

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