Grippe aviaire : faut-il s’inquiéter de son retour ?

24 octobre 2025
Redigé par Emma

Notre experte en bien-être animal vous guide pour la santé et le comportement de vos compagnons.

Chaque automne, une crainte bien connue des éleveurs refait surface avec la chute des températures et l’arrivée des oiseaux migrateurs. La grippe aviaire, ou influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), est de retour sur le territoire français. Entre les alertes sanitaires, les mesures de protection renforcées et les souvenirs des crises passées, il est parfois difficile d’y voir clair.

Où en est la situation ? Quelles sont les conséquences pour nos élevages et notre consommation ? Et surtout, la nouvelle stratégie de vaccination peut-elle changer la donne ?

Nous allons décrypter la situation pour vous accompagner à mieux comprendre, de manière simple et factuelle.

La grippe aviaire : où en est l’épidémie ?

Depuis la fin de l’automne, plusieurs foyers en élevage ont été détectés, notamment dans les régions du Grand Ouest comme la Bretagne ou les Pays de la Loire, des zones historiquement denses en production avicole. Ces détections ont rapidement conduit le Ministère de l’Agriculture à réagir.

Le principal indicateur de la tension est le passage du niveau de risque de « modéré » à « élevé » sur l’ensemble du territoire métropolitain. Mais concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Cette décision déclenche l’application de mesures de biosécurité strictes pour tous les acteurs de la filière, des plus grands élevages industriels aux plus petites basses-cours de particuliers.

L’objectif est simple : créer une barrière sanitaire pour empêcher le virus de pénétrer dans les élevages.

Pourquoi ce retour annuel ? Les oiseaux migrateurs, acteurs centraux

Si la grippe aviaire semble suivre un calendrier saisonnier, ce n’est pas un hasard. Le principal vecteur de propagation du virus est la faune sauvage, et plus particulièrement les oiseaux migrateurs. Chaque année, des millions d’oiseaux sauvages (canards, oies, cygnes…) transitent par la France via de grands couloirs migratoires pour rejoindre leurs quartiers d’hiver.

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Porteurs sains du virus, ils le disséminent sur leur passage via leurs fientes les zones humides où ils font étape. Ces zones peuvent alors devenir des points de contact à risque pour les volailles domestiques. Un simple oubli, comme des bottes mal nettoyées, peut suffire à introduire le virus un élevage et déclencher un foyer épidémique.

Quelles répercussions pour les élevages et les consommateurs ?

Face à la menace, les répercussions sont immédiates et touchent l’ensemble de la chaîne, des éleveurs jusqu’à nos assiettes, mais de manière très différente.

Pour les éleveurs : une vigilance constante

Lorsque le risque est jugé « élevé« , les éleveurs de volailles sont en première ligne. Ils doivent appliquer des mesures contraignantes pour protéger leurs animaux :

  • La claustration : C’est l’obligation de maintenir toutes les volailles à l’intérieur de bâtiments fermés pour éviter tout contact avec la faune sauvage.
  • Les zones de contrôle : Autour d’un foyer confirmé, les autorités sanitaires délimitent des zones de protection et de surveillance. Dans ces périmètres, les mouvements de volailles sont strictement interdits, ce qui paralyse l’activité économique.
  • L’abattage préventif : En cas de détection du virus un élevage, la décision la plus radicale est souvent prise : le dépeuplement de l’ensemble de l’élevage et parfois des élevages voisins pour créer un vide sanitaire et stopper la propagation. Une décision déchirante et un choc économique pour les professionnels concernés.

Pour le consommateur : peut-on manger du poulet sans risque ?

C’est la question que beaucoup se posent, et la réponse des autorités sanitaires est sans appel : oui. La consommation de viande de volaille, de foie gras ou d’œufs ne présente aucun risque pour l’homme. Le virus de l’influenza aviaire est détruit par la cuisson à une température de 70°C.

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➡️ La principale conséquence pour le consommateur n’est donc pas sanitaire, mais potentiellement économique. Une crise de grande ampleur, avec des abattages massifs, pourrait à terme créer des tensions sur l’approvisionnement de certains produits et impacter les prix.

La vaccination, une nouvelle stratégie face au virus

Face aux crises répétées qui ont durement touché la filière, la France a décidé de déployer une nouvelle stratégie cet hiver : la vaccination. C’est une première en Europe à cette échelle. Cette campagne historique cible en priorité les canards, considérés comme des porteurs asymptomatiques qui contribuent fortement à la diffusion silencieuse du virus.

L’objectif n’est pas d’éradiquer la maladie, mais de réduire considérablement la circulation virale. En vaccinant les canards, on espère qu’ils excréteront beaucoup moins de virus s’ils sont infectés, limitant ainsi les risques de contamination pour les autres espèces et évitant le recours aux abattages massifs. Tous les espoirs de la filière reposent sur l’efficacité de cette campagne de vaccination des volailles.

Grippe aviaire et santé humaine : quel risque réel ?

Il est essentiel de le rappeler pour éviter toute psychose : la transmission du virus de l’influenza aviaire actuellement en circulation à l’être humain est un phénomène extrêmement rare. Selon les agences sanitaires comme l’Anses ou Santé publique France, le risque est jugé « très faible« .

Les cas de transmission à l’homme observés le monde concernent quasi exclusivement des personnes ayant eu des contacts directs, prolongés et non protégés avec des animaux malades ou morts. Les mesures de biosécurité et de protection mises en place visent avant tout à protéger la santé animale et à préserver la filière avicole française.

La situation est sous haute surveillance. Le retour de la grippe aviaire est une épreuve annuelle pour les éleveurs, contraints à une vigilance de tous les instants. Cependant, cette année est marquée par une note d’espoir avec le déploiement de la vaccination à grande échelle.

L’hiver sera un test déterminant pour évaluer l’efficacité de cette nouvelle stratégie qui, si elle porte ses fruits, pourrait durablement changer la manière de gérer cette menace sanitaire.

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