Immobilité tonique chez les requins : 5 règles pour manipulations sûres et éthiques

13 septembre 2025
Redigé par Emma

Notre experte en bien-être animal vous guide pour la santé et le comportement de vos compagnons.

Voir un requin se figer net, ventre vers le ciel, a de quoi surprendre. Est‑ce une légende de plongeurs ou un vrai réflexe biologique utile à la science et à la protection des requins ?

Aujourd’hui, nous clarifions toutes les idées : définition claire, mécanismes proposés, usages par les chercheurs, débats éthiques et éclairage comparatif avec d’autres animaux. Vous repartirez avec une compréhension solide et des repères pratiques pour mieux interagir avec ces grands poissons.

Immobilité tonique : définition claire et images mentales

Qu’est‑ce que l’immobilité tonique ?

L’immobilité tonique, aussi appelée catalepsie (ou tonic immobility en anglais), désigne un état d’immobilité apparente observé chez certains requins, souvent lorsqu’on les retourne sur le dos. L’animal ne dort pas et n’est pas anesthésié : ses fonctions restent actives, mais sa motricité se suspend brièvement.

La posture est typique : ventre exposé, nage lente ou nulle, regard stable. Ce n’est pas un tour de magie, c’est un réflexe comportemental bien réel.

Comment le réflexe se déclenche — explication sans jargon

Le retournement perturberait fortement la perception du requin : son champ visuel change brutalement et ses capteurs sensoriels (équilibre, orientation) sont sollicités de manière inhabituelle. Cette surcharge sensorielle déclencherait une cascade neurochimique, notamment une libération de sérotonine, qui inhibe temporairement l’activité motrice.

En clair : trop d’informations en même temps, et le corps se met en pause. Il s’agit d’un modèle explicatif plausible, pas d’une vérité absolue : le détail des circuits reste en débat.

Pourquoi et comment les humains provoquent ce réflexe

Le retournement encadré en milieu scientifique

Des scientifiques provoquent volontairement ce réflexe en retournant doucement des requins sur le dos pour les examiner en sécurité. L’objectif est de réaliser des observations, des mesures ou des prélèvements sans lutte inutile.

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L’état ne dure qu’un court laps de temps, et l’animal retrouve ensuite sa mobilité dès qu’on le remet à l’endroit. Sur le terrain, la manipulation se veut précise, calme et la plus brève possible.

Usages pratiques pour la recherche : bénéfices et limites

Ce « bouton pause » comportemental permet de réduire les risques pour l’équipe et de limiter, en apparence, le stress visible chez le requin. Il a facilité de nombreuses études :

  • Identification
  • Biométrie (taille, poids, mesures)
  • Marquage et pose d’étiquettes
  • Examen de l’état de santé et prélèvements biologiques

Mais cet atout a une contrepartie : l’absence de signes de lutte ne signifie pas absence d’impact physiologique. D’où la nécessité d’un protocole rigoureux et d’un suivi attentif du bien‑être animal.

Variations naturelles et comparaisons

Espèces plus ou moins sensibles

Tous les requins ne réagissent pas de la même manière. Certaines espèces y sont plus sensibles, d’autres presque pas : c’est une variation interspécifique classique.

Chez la roussette brune, par exemple, des épisodes spontanés d’immobilité peuvent se produire quand l’animal est menacé ou brusquement dérangé. Ce n’est donc pas un trait « artificiel » créé par l’humain, mais un comportement du répertoire défensif de certains requins.

Parallèle utile : thanatose et « faire le mort »

On peut comparer l’immobilité tonique à la thanatose, ce « faire le mort » observé chez les opossums, de nombreux insectes et même certains poissons. Dans ces deux situations, l’idée est de tromper le prédateur : s’immobiliser pour réduire l’intérêt ou interrompre l’attaque.

Les mécanismes neurobiologiques et les déclencheurs contextuels divergent toutefois. Cette convergence évolutive illustre que rester immobile peut parfois sauver la vie.

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Éthique, protocoles et alternatives

Impacts sur le bien‑être : prudence et transparence

Si l’immobilité tonique semble « douce », elle peut s’accompagner d’effets invisibles : stress interne, variations hormonales, fatigue post‑manipulation. Il convient donc d’éviter l’angélisme.

Une bonne pratique consiste à justifier l’usage, à le limiter au strict nécessaire et à documenter finement la réponse des animaux. C’est un sujet d’éthique scientifique, et non une simple astuce de manipulation.

Protocoles, limites et alternatives

De nombreux projets s’appuient sur des comités d’éthique et des protocoles qui imposent des critères :

  • Minimisation du temps de contention
  • Conditions environnementales stables
  • Personnel formé et procédures standardisées
  • Suivi post‑manipulation pour détecter des effets différés

Des alternatives existent :

  • Observation in situ
  • Photogrammétrie
  • Capteurs non invasifs
  • Analyses d’images et méthodes à distance ✅

Une règle d’or : choisir l’approche qui répond à la question scientifique avec le moins d’intervention possible, et documenter chaque étape.

Plongée, interactions et conservation

Bonnes pratiques pour le grand public

  • ➡️ Ne pas retourner un requin « pour voir » : ce geste n’est ni éducatif ni responsable.
  • Respecter l’espace des animaux et suivre les briefings des opérateurs certifiés.
  • Considérer la manipulation comme un outil de recherche réservé aux équipes formées.
  • Préférer l’observation non intrusive pour l’approche récréative.

Retombées pour la conservation

Mieux comprendre l’immobilité tonique aide à améliorer les protocoles d’étude, à réduire l’impact des manipulations et à produire des données plus fiables. Ces progrès alimentent des mesures de protection : gestion des zones sensibles, formation des guides, sensibilisation du public. Sur le long terme, des interactions mieux pensées entraînent des animaux moins perturbés et des décisions de protection mieux informées.

L’immobilité tonique chez les requins n’est ni un pouvoir mystique ni un simple gadget. C’est un réflexe réel, utile à la science lorsqu’il est encadré, mais qui impose parcimonie et respect. Ma recommandation : traiter ce comportement comme une responsabilité.

Et vous, pensez‑vous que les protocoles actuels suffisent pour garantir le bien‑être des requins, ou faut‑il aller plus loin vers des méthodes 100 % non invasives ?

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